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Avis Titanoréïne : un duo antihémorroïdaire efficace ?

  • Dernière modification de la publication :16 décembre 2024
  • Post category:Blog / Hémorroïdes

La maladie hémorroïdaire affectant une large part de la population occidentale, les étagères des pharmacies regorgent d’une multitude de traitements d’appoint. Parmi lesquels, la gamme Titanoréïne, se déclinant sous différents formats (suppositoires et crème). Elle est d’ailleurs souvent poussée par les pharmaciens, si bien qu’elle est devenue une « référence ». Mais ces médicaments sont-ils réellement efficaces en cas de poussée hémorroïdaire ? Découvrez ici notre avis Titanoréïne complet.

Sommaire

Avis Titanoréïne : en quoi consistent ces médicaments ?

Sous le nom Titanoréïne sont commercialisés deux médicaments anti-hémorroïdes : des suppositoires et une crème. 

Titanoréïne suppositoire

La version suppositoire de Titanoréïne est vendue sous la classe pharmacothérapeutique des « autres médicaments pour le traitement des hémorroïdes et des fissures anale à usage topique »1. Il s’agit donc d’un médicament antihémorroïdaire d’action locale, à utiliser par voie rectale. Il traite certains des symptômes de la crise hémorroïdaire – prurit, douleurs. Les rectorragies ne sont pas une contre-indication à son utilisation.

La dose journalière recommandée est de 1 à 2 suppositoires, pendant une durée maximale de 7 jours (le médicament est disponible sous format d’une boîte de 12 unités). Au-delà, si la symptomatologie ne cède pas au traitement, le fabricant conseille de consulter un professionnel de santé. 

En outre, Titanoréïne suppositoire est un médicament pour adulte et ne doit pas être administré à un enfant. D’autres contre-indications existent :

  • une allergie à l’un des composants, que nous allons examiner par la suite ;
  • la grossesse et l’allaitement ;
  • la prise d’un autre médicament pouvant interférer avec le traitement.

On connaît peu d’effets indésirables à Titanoréïne suppositoire, si ce n’est des démangeaisons (mais n’est-il pas sensé les soulager ?), des éruptions cutanées et des réactions d’hypersensibilité. Néanmoins, si d’autres surviennent lors de l’utilisation, l’usager est invité à les signaler à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), pour une meilleure pharmacovigilance.

Avis Titanoréïne crème et suppositoires
Titanoréïne est disponible en crème et suppositoires

Titanoréïne crème

Quid de la version crème de Titanoréïne ? Elle existe sous deux formulations, dont une plus récente que l’autre (Titanoréïne à la lidocaïne 2%, crème). C’est donc cette dernière que nous examinerons.

Elle est catégorisée sous la même classe pharmacothérapeutique que la version suppositoire2 et prétend soigner les mêmes symptômes. Cependant, le format crème implique une utilisation différente : une application locale (soit 0,5 à 2 g) renouvelable plusieurs fois par jour en fonction des besoins, en respectant un intervalle de 3h entre chaque application, pendant 7 jours maximum

Par ailleurs, les contre-indications sont relativement similaires à celles de la version suppositoire, à une exception près : le produit peut être utilisé par les enfants de plus de 6 ans.

Enfin, s’agissant des effets indésirables, ils sont plus nombreux :

  • des réactions au niveau de la zone d’application, à type de brûlures, rougeurs, irritations, douleurs, démangeaisons, éruptions cutanées ;
  • des réactions d’hypersensibilité ;
  • des cas exceptionnels d’ulcérations anales en situation d’utilisation prolongée au-delà de 7 jours.

Avis Titanoréïne : quelle en est la composition ?

Poursuivons cette évaluation des médicaments Titanoréïne par un examen minutieux de leur formulation. En effet, se pencher sur les ingrédients permet de mieux évaluer l’efficacité des produits sur la maladie hémorroïdaire.

Titanoréïne suppositoire : quelle est sa formulation ?

Ainsi, examinons en détails la composition des suppositoires Titanoréïne.  Elle est la suivante :

Carraghénates

Les carraghénates, également connus sous le nom de carraghénanes ou carragénine, sont des polysaccharides hétérogènes obtenus à partir d’algues. Ils sont vastement employés dans diverses industries, y compris l’agro-alimentaire et la pharmaceutique, pour leurs propriétés viscosifiantes – gélification et stabilisation des formulations.  Ils ne sont ni absorbés ni dégradés par l’intestin3

Ces composants ont été, il y a quelques années, soumis à des polémiques. En effet, leur forme dégradée peut être délétère à la santé. Toutefois, leur forme non dégradée présente une faible carcinogénicité en exposition cutanée, à partir du moment où la dose journalière admissible n’est pas dépassée (75 mg/kg de poids corporel)4.

Enfin, les carraghénates contenus dans Titanoréïne suppositoire n’ont aucune portée thérapeutique sur la maladie hémorroïdaire et sont ici surtout employés pour donner forme et tenue aux suppositoires.

Dioxyde de titane

Second ingrédient de Titanoréïne suppositoire, le dioxyde de titane (TiO2), également connu sous le numéro E171 dans le domaine agro-alimentaire. Il s’agit d’une poudre blanche, non soluble dans l’eau, utilisée dans de nombreux secteurs industriels. En pharmaceutique, ce composé est surtout employé pour opacifier et densifier la couleur blanche des médicaments (puisqu’il a un fort pouvoir réfléchissant), mais aussi pour stabiliser les formules (son caractère photo-protecteur « protège » les principes actifs). On le retrouve ainsi dans une multitude de produits : gélules et comprimés, crèmes et pommades, anesthétiques locaux (comme les antihémorroïdaires de type suppositoire ou crème rectale)5

Avis Titanoréïne poudre représentant l'ingrédient dioxyde de titane
Le dioxyde de titane est un ingrédient très controversé

Toutefois, le dioxyde de titane est un ingrédient très controversé. Elle varie selon le mode d’administration employé. Si l’on s’en réfère au site d’INCI Beauty, l’ingrédient est marqué d’une pénalité forte. Son utilisation est fortement réglementée par la Commission européenne : 

  • il est désormais interdit dans les produits alimentaires, puisqu’il a démontré une forte toxicité sur les cellules intestinales, pouvant provoquer des cancers6, plus encore en cas de fragilité intestinale7;
  • il est aussi interdit dans tous les dispositifs pouvant mener à son inhalation directe ;
  • il est encore autorisé dans certains produits cosmétiques (dentifrice, crème solaire, maquillage) mais son grammage (nanoparticules) est très contrôlé. 
"le dioxyde de titane est un ingrédient très controversé"

En outre, les industriels utilisant du dioxyde de titane sous format micro ou nano sont contraints de le déclarer auprès des autorités compétentes, via une déclaration des substances à l’état nanoparticulaire. En complément, l’Anses recommande l’utilisation d’alternatives sûres et équivalentes en termes d’efficacité, autant que possible8.  

Enfin :

  • le Réseau Français des Centres Régionaux de Pharmacovigilance en France (RFCRPF) estime que les quantités de dioxyde de titane dans les médicaments sont infinitésimales, donc pour l’instant admises dans leur formulation, le bénéfice avéré par les médicaments contenant du TiO2 étant jugé largement supérieur au risque9 ;
  • il est toutefois bon de garder à l’esprit que la forme nanoparticulaire du TiO2 appliquée sur une peau lésée est problématique, car l’absorption des nanoparticules potentiellement cancérogènes est décuplée.

Oxyde de zinc

Autre composé des suppositoires anti-hémorroïdes Titanoréïne : l’oxyde de zinc. Cet élément chimique dispose des mêmes propriétés ou presque que le dioxyde de titane : pigment blanc stable, insoluble dans l’eau. Il est aujourd’hui utilisé dans les crèmes solaires (pour son action réfléchissante) – autorisation d’utilisation relativement récente (2016)10. Par ailleurs, il est considéré comme un antimicrobien, limitant la prolifération des micro-organismes dans les formulations cosmétiques et pharmaceutiques.

Sous sa forme faiblement micronisée, il a été considéré inoffensif par le Comité Scientifique pour la sécurité des consommateurs. Toutefois, il ne doit pas être utilisé pour la fabrication d’aérosols, car il est susceptible de pénétrer les voies respiratoires et de causer une inflammation. Sous sa forme nanoparticulaire, son utilisation est très réglementée, pour les mêmes raisons que le TiO211

En outre, d’autres problèmes sont évoqués :

  • l’Anses recommande d’éviter d’utiliser des solutions à base d’oxyde de zinc sur une peau lésée ;
  • il est fortement déconseillé d’appliquer de l’oxyde de zinc sur des zones de peau moins dotées en kératine, comme les muqueuses, sous peine de détériorer le ciment cellulaire du derme (apoptose cellulaire)12 ;
  • la substance est très toxique pour les organismes aquatiques et donc, très polluante13.

Talc

Le talc, ou silicate de magnésium, est également présent dans Titanoréïne suppositoire. Poudre blanche insoluble dans l’eau, il est souvent associé à l’oxyde de zinc précédemment évoqué dans la préparation de solutions protectrices cutanées. En cosmétique, il est aussi employé pour ses qualités absorbantes, antiseptiques et lubrifiantes, mais aussi comme produit de charge – pour donner de la densité aux produits14.

Pour autant, le talc s’avère un composé problématique :

  • le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) met en garde contre l’usage du talc, l’ayant évalué comme potentiellement cancérogène15 ;
  • l’Anses juge qu’il n’existe pas de méthodes fiables pouvant affirmer avec fermeté la cancérogénicité du talc, mais admet que la substance peut contenir des fibres d’amiante naturelle ;
  • aux États-Unis, de nombreux scandales sanitaires ont mis en évidence le risque cancérogène associé à l’usage répété du talc16 – notamment un procès contre Johnson & Johnson, qui n’est autre que le fabricant de Titanoréïne ;
  • au Canada, Santé Canada souligne que l’inhalation de particules fines de talc, ainsi qu’une exposition des parties génitales féminines au talc (ou des produits en contenant, comme les poudres diverses pour le corps, les lingettes, les bombes de bain ou les déodorants génitaux) étaient autant d’usages préoccupants, au vu du caractère potentiellement cancérogène de la substance17.
"le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) met en garde contre l'usage du talc, l’ayant évalué comme potentiellement cancérogène"

Glycérine

Terminons avec la glycérine, ou glycérol, substance visqueuse, incolore et inodore, essentiellement utilisée en pharmaceutique et cosmétique pour son pouvoir hygroscopique (qui attire et retient l’eau)18.  Elle fait donc un très bon humectant. Elle peut être d’origine végétale, animale ou synthétique19 – dans Titanoréïne suppositoire, elle est semi-synthétique, donc probablement non vegan.

Quid de l’utilité de la glycérine dans des suppositoires antihémorroïdaires ? En fait, ce composé est souvent utilisé comme laxatif, car il augmente la pression osmotique dans l’intestin et stimule ainsi la contraction rectale20, donc la défécation.

Titanoréïne crème antihémorroïdaire : de quoi se compose-t-elle ?

Passons à présent à l’examen minutieux de la formulation de la pommade Titanoréïne. La liste d’ingrédients est la suivante :

Elle est, sans surprise, sensiblement similaire à celle des suppositoires. On y retrouve les carraghénates, le TiO2 et l’oxyde de zinc. Mais d’autres composés s’ajoutent à la liste.

Lidocaïne

La lidocaïne est une molécule communément employée comme anesthésique locorégional et anti-arythmique21. À ce titre, elle se retrouve souvent dans la formulation des traitements calmants des hémorroïdes.

Elle a scientifiquement démontré sa capacité à apaiser certains des symptômes mineurs de la maladie hémorroïdaire, comme les démangeaisons, les douleurs et les irritations22. Par ailleurs, la lidocaïne présente une bonne tolérabilité et une innocuité certaine en application cutanée23

Poudre représentant la composition synthétique
Une composition synthétique

Palmitostéarate de macrogol

La crème Titanoréïne contient également du palmitostéarate de macrogol. Que se cache derrière ce barbarisme : 

  • les stéarates sont des acides gras d’origine végétale, animale ou synthétique, utilisés soit pour augmenter la viscosité d’une préparation, soit pour émulsionner une formulation pour qu’elle soit mieux tolérée par la peau ;
  • le macrogol, quant à lui, est communément utilisé comme laxatif osmotique.

Le palmitostéarate de macrogol a donc pour but de fluidifier le transit intestinal, la constipation étant une des causes des crises hémorroïdaires. Rappelons cependant que Titanoréïne est une crème et non un gel rectal et n’a donc pas vocation à être introduite dans le canal anal. On peut donc s’interroger sur son réel pouvoir laxatif ou de ses bienfaits sur la constipation.

Glycérides polyglycosidés saturés

Les glycérides sont des esters d’acides gras, souvent d’origine animale. Ils sont utilisés comme des excipients, c’est-à-dire qu’ils permettent la stabilité de la formule d’une crème et l’incorporation des principes actifs. Ils n’ont donc aucune portée thérapeutique, si ce n’est un caractère émollient. 

Diméticone

Autre ingrédient de Titanoréïne crème : le diméticone. Voici un composé problématique, marqué d’une pénalité moyenne par INCI, pas tant pour ses conséquences sur la santé humaine24 que sur l’environnement25. C’est en fait un silicone, choisi pour son caractère occlusif et pour la texture onctueuse et brillante qu’il donne aux cosmétiques. Il permet en outre de réduire l’effet asséchant de certains tensioactifs.

En soit, son action filmogène est intéressante, car elle permet de réduire drastiquement la perte hydrique de la peau. Cependant, le diméticone reste une huile minérale, issue du pétrole.

Cellulose microcristalline

La cellulose microcristalline est un composant issu de l’hydrolyse de la cellulose, principalement employée comme excipient pharmaceutique. Elle permet en effet de diluer, lier ou stabiliser une formule. Sûre à l’emploi, elle n’a au demeurant aucune portée thérapeutique26

Propylène glycol

Le propylène glycol est un ingrédient d’origine naturelle (graines de sésame, champignons) ou synthétique. On le retrouve dans de nombreux soins de la peau, employé tour à tour comme humectant, solvant ou liant. En outre, il aide les principes actifs à mieux pénétrer dans la peau

À faible dose (ce qui est le cas lors de l’application de crème, même régulière), il est inoffensif. À forte dose, surtout en administration intraveineuse, il peut être toxique et causer de nombreux problèmes de santé27

Parahydroxybenzoate de méthyle et parahydroxybenzoate de propyle 

Le parahydroxybenzoate de méthyle, également connu sous le numéro E219, est un conservateur synthétique. Il permet de conserver la stabilité d’une formule et d’y réduire le risque de prolifération microbienne. Marqué d’une pénalité par INCI, il est soumis à réglementation – sa concentration est plafonnée28. Il en est de même pour le parahydroxybenzoate de propyle (E217)29

"E219 et 217 ne sont ni plus ni moins des parabènes, connus pour être des perturbateurs endocriniens et de potentiels carcinogènes"

Rappelons que derrière ces noms complexes, se cache une appellation bien mieux connue des consommateurs : les composés E219 et 217 ne sont ni plus ni moins des parabènes, connus pour être des perturbateurs endocriniens et de potentiels carcinogènes30

Sorbate de potassium

Dernier ingrédient de la crème antihémorroïdaire Titanoréïne : le sorbate de potassium (E202). Il s’agit là encore d’un agent de conservation, sans portée curative, dont la quantité autorisée dans les formulations est plafonnée31.

Avis Titanoréïne anti-hémorroïdes : mécanisme d’action et efficacité 

WC et rouleau de papier toilette entouré de barbelé représentant les hémorroïdes

La promesse du fabricant, Johnson & Johnson

Titanoréïne suppositoire

Selon le site dédié au produit, Titanoréïne suppositoire est censé :

  • protéger la muqueuse située au niveau de l’anus et du rectum ;
  • soulager les démangeaisons ;
  • favoriser le passage des selles par un effet lubrifiant. 

S’agissant de la crème à la lidocaïne, la promesse est un soulagement de la douleur en 15 minutes environ, grâce à la présence d’un anesthésique local.

Après examen de la composition, qu’escompter de ce duo de médicament sur les troubles hémorroïdaires ? Pas grand-chose.

La principale vertu des suppositoires est que leur teneur en glycérine et carraghénates assure une lubrification du canal anal, donc une facilitation de l’expulsion des selles. En soi, ils constituent un soulagement en cas de constipation – qui, rappelons-le, peut-être à l’origine des hémorroïdes. Pour autant, ils ne constituent pas un traitement de la maladie hémorroïdaire, qui est une pathologie plurifactorielle. 

En outre :

  • sur les 5 ingrédients des suppositoires Titanoréïne, 3 sont très problématiques pour la santé ;
  • ce médicament ne contient aucun principe actif réellement intéressant – veinotonique ou anti-inflammatoire, par exemple.
"sur les 5 ingrédients des suppositoires Titanoréïne, 3 sont très problématiques pour la santé"

Titanoréïne crème

En ce qui concerne la crème Titanoréïne, le bilan n’est guère meilleur :

  • la lidocaïne est un ingrédient intéressant, qui peut apporter un soulagement passager de certains des symptômes invalidants de la crise hémorroïdaire, notamment les sensations de brûlures et de pesanteur, le prurit, les irritations et les douleurs ;
  • de nombreux ingrédients n’ont aucune portée thérapeutique et ne servent qu’à « améliorer » la texture et la conservation de la crème ;
  • le diméticone, silicone d’origine minérale, a pour seule qualité de maintenir l’hydratation de la zone anale, mais il convient de rappeler qu’il est un dérivé du pétrole ;
  • l’adjonction d’un laxatif (ici, le macrogol) dans la formulation n’a aucun intérêt – un laxatif est utile lorsqu’il est absorbé par voie rectale (suppositoire) ou orale, sinon il n’a aucune efficacité ;
  • tout comme les suppositoires, la crème contient des ingrédients problématiques, susceptibles non seulement d’avoir un effet irritant, donc contre-productif, mais en plus d’avoir à terme des conséquences délétères sur la santé.

La conclusion est donc limpide : le duo de médicaments antihémorroïdaires Titanoréïne ne peut avoir une portée curative sur la maladie hémorroïdaire. Il peut tout au plus offrir un apaisement passager, mais en aucun cas soigner une pathologie systémique. Ne contenant ni veinotonique (les hémorroïdes sont une insuffisance veineuse localisée au niveau du canal anal et de l’anus), ni anti-inflammatoire (la crise hémorroïdaire est une inflammation des veines hémorroïdales, due à une stase veineuse), ces médicaments ne constituent pas une solution.

"peut tout au plus offrir un apaisement passager, mais en aucun cas soigner une pathologie systémique"

L’avis de la HAS 

La Haute Autorité de Santé, commission évaluant l’efficacité (et le remboursement) des médicaments en France, confirme ce diagnostic. Elle affirme en effet dans un rapport de 2001 que la crème Titanoréïne32 :

  • est un traitement symptomatique (et non curatif) de la pathologie hémorroïdaire ;
  • qu’il s’agit d’un médicament d’appoint uniquement ;
  • que le rapport efficacité/effets indésirables est modeste ;
  • que le niveau de service médical rendu est faible.

Cet avis est confirmé par un second rapport de 2007, à propos des suppositoires et de la crème33 : 

  • « les spécialités Titanoréïne n’ont pas de place dans la stratégie de prise en charge des douleurs, prurits et sensations congestives au cours des poussées et crises hémorroïdaires et autres affections anales » ;
  • « le service médical rendu par les spécialités Titanoréïne est insuffisant dans l’indication de l’AMM ».

 On est donc en droit de se demander comment ces médicaments sont encore à la vente, si même l’HAS ne leur trouve aucun intérêt thérapeutique…

Vous l’aurez compris : en cas de crise hémorroïdaire aiguë, le duo de médicaments Titanoréïne ne constitue pas un traitement satisfaisant.
Sans principe actif réellement intéressant, riches en composés controversés, ces produits semblent bien insuffisants pour traiter convenablement les hémorroïdes.

"le duo de médicaments Titanoréïne ne constitue pas un traitement satisfaisant"

Le mode d’administration topique et local de Titanoréïne crème et suppositoires limite également le pouvoir d’action de ces produits.
Les effets de ces deux produits sont la lubrification du canal anal (offrant un certain degré de protection de la peau et aidant le passage des selles), ainsi qu’un effet d’anesthésie locale, pouvant offrir un soulagement immédiat, mais de courte durée. Titanoréïne crème et suppositoires ne traitent pas les causes de la maladie hémorroïdaire.

Nos conseils pour traiter les hémorroïdes

La maladie hémorroïdaire est, pour rappel, la manifestation localisée d’une insuffisance circulatoire :

  • une paresse veineuse survient au niveau de la région anale ;
  • la stase veineuse (stagnation du sang dans les veines hémorroïdales) intervient ;
  • les hémorroïdes finissent par se dilater sous la pression sanguine et l’inflammation s’installe.

En découle une symptomatologie particulièrement douloureuse qui, si elle n’est pas traitée, peut devenir récurrente et s’aggraver – distension des tissus de soutien, saignements anaux à la défécation, voire prolapsus (sortie des hémorroïdes internes de l’anus) ou thrombose (pour les hémorroïdes externes).

À cette circulation sanguine défaillante, s’ajoutent des facteurs favorisant les poussées hémorroïdaires : troubles du transit, sédentarité, surpoids, grossesse, port de charges lourdes, position assise prolongée… 

Pour agir efficacement sur la pathologie, il semble judicieux d’intervenir sur ses différentes constituantes :

  • adopter une alimentation adaptée, c’est-à-dire favorisant la santé du microbiote et garantissant un transit fluide (apport suffisant en fibres, limitation des aliments transformés) ;
  • boire suffisamment d’eau quotidiennement, pour éviter toute constipation (qui entraînerait poussées à la défécation et durcissement des fèces) ;
  • bouger au quotidien, éviter de rester assis toute la journée et marcher au moins 30 minutes ;
  • agir sur son poids, si l’on est en situation de surpoids ou d’obésité, notamment en revoyant son régime alimentaire et en pratiquant une activité physique régulière.
Aliments riche en fibres
Une alimentation riche en fibres est recommandée en cas d’hémorroïdes

Par ailleurs, en cas d’hémorroïdes, le passage à la selle doit donner lieu à quelques « précautions » :

  • déféquer dès que le besoin se fait ressentir (ne pas se retenir, sous peine de provoquer un durcissement des selles) ;
  • éviter de rester assis longtemps sur les toilettes (ne pas y lire ni y consulter son téléphone) ;
  • placer un petit tabouret sous ses pieds, pour « mimer » une position accroupie propice à la défécation ;
  • s’essuyer délicatement, quitte à employer du papier toilette humide non parfumé ou des lingettes adoucissantes à l’hamamélis ;
  • pratiquer des bains de siège, si le besoin s’en fait ressentir.

Enfin, si malgré vos efforts, vous faites régulièrement des crises hémorroïdaires, vous pouvez envisager de vous supplémenter, par exemple avec des compléments alimentaires à base de plantes. La phytothérapie s’avère en effet très efficace sur la pathologie hémorroïdaire, à condition bien sûr de choisir des compléments adaptés. 

Portez votre choix sur une solution contenant des actifs reconnus : hespéridine, marron d’Inde, vigne rouge et dérivés du raisin, mélilot, rutine, achillée, fragon petit-houx, cassis sont autant d’actifs naturels phlébotoniques et vasculoprotecteurs. Si votre transit est paresseux, pensez, en plus des fibres solubles et insolubles ajoutées à votre bol alimentaire, aux plantes favorisant le transit et aux laxatifs dits « de lest » : psyllium, graines de lin, mauve, tamarin, bourdaine, fenugrec, réglisse…

L’ensemble de ces habitudes de vie devrait en tout cas être plus efficace sur votre santé hémorroïdaire que les produits de la gamme Titanoréïne.

Si vous recherchez le traitement antihémorroïdaire qui vous convient, consultez nos nombreux avis de produits.


Sources

  1. Notice patient – TITANOREINE, suppositoire – Base de données publique des médicaments ↩︎
  2. Notice patient – TITANOREINE A LA LIDOCAINE 2 POUR CENT, crème – Base de données publique des médicaments ↩︎
  3. Carraghénane ↩︎
  4. INCI, Les carraghénanes sont-ils dangereux en cosmétique ? ↩︎
  5. Titane ↩︎
  6. 2016, Urrutia-Ortega et al., Food-grade titanium dioxide exposure exacerbates tumor formation in colitis associated cancer model ↩︎
  7. 2021, Christianto, Estimation of Ingested Nano-Titanium Dioxide among Healthy Adults and Its Association with Intestinal Permeability and Inflammation ↩︎
  8. Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard, Dioxyde de titane et effets sur la santé ↩︎
  9. RFCRPF, La présence de dioxyde de titane dans les médicaments présente-t-elle un risque ? ↩︎
  10. Commission européenne, Comités scientifiques Santé et Consommateurs, Questions sur l’oxyde de zinc ↩︎
  11. NCI Beauty, ZINC OXIDE (Oxyde de zinc) ↩︎
  12. 2017, Moghaddam et al., Eco-Friendly Formulated Zinc Oxide Nanoparticles: Induction of Cell Cycle Arrest and Apoptosis in the MCF-7 Cancer Cell Line ↩︎
  13. International Labour Organization,  OXYDE DE ZINC ↩︎
  14. Talc ↩︎
  15. 2010, IARC,  Carbon Black, Titanium Dioxide, and Talc ↩︎
  16. INCI Beauty, TALC (Talc) ↩︎
  17. Santé Canada, Talc ↩︎
  18. Glycérol ↩︎
  19. INCI Beauty, GLYCERIN (Glycérine / Glycérol) ↩︎
  20. 2018, Sardi et al., Experimental Paradigm for the Assessment of the Non-pharmacological Mechanism of Action in Medical Device Classification: The Example of Glycerine as Laxative ↩︎
  21. Lidocaïne ↩︎
  22. 2007, Lorenc, Gökce, Tribenoside and lidocaine in the local treatment of hemorrhoids: an overview of clinical evidence ↩︎
  23. 2013, Gammaitoni et al., Safety and Tolerability of the Lidocaine Patch 5%, a Targeted Peripheral Analgesic: A Review of the Literature ↩︎
  24. 2003, Nair, Final report on the safety assessment of stearoxy dimethicone, dimethicone, methicone, amino bispropyl dimethicone, aminopropyl dimethicone, amodimethicone, amodimethicone hydroxystearate, behenoxy dimethicone, C24-28 alkyl methicone, C30-45 alkyl methicone, C30-45 alkyl dimethicone, cetearyl methicone, cetyl dimethicone, dimethoxysilyl ethylenediaminopropyl dimethicone, hexyl methicone, hydroxypropyldimethicone, stearamidopropyl dimethicone, stearyl dimethicone, stearyl methicone, and vinyldimethicone. ↩︎
  25. INCI, DIMETHICONE (Diméthicone ou Polydiméthylsiloxane) ↩︎
  26. INCI, MICROCRYSTALLINE CELLULOSE (Cellulose microcristalline) ↩︎
  27. 2007, Zar, Graeber, Perazella, Reviews: Recognition, Treatment, and Prevention of Propylene Glycol Toxicity – Zar – 2007 – Seminars in Dialysis ↩︎
  28. INCI, METHYL BENZOATE ↩︎
  29. INCI, PROPYL BENZOATE ↩︎
  30. Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard, Parabènes et effets sur la santé ↩︎
  31. INCI, POTASSIUM SORBATE (Sorbate de Potassium) ↩︎
  32. HAS, TITANOREINE ↩︎
  33. HAS, CT-2443 TITANOREINE ↩︎

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