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Avis Sédorrhoïde, crème rectale pour traiter les hémorroïdes

  • Dernière modification de la publication :16 décembre 2024
  • Post category:Blog / Hémorroïdes

La maladie hémorroïdaire, affection bénigne mais toutefois douloureuse, affecte une personne sur trois en Occident. En cause, un mode de vie de plus en plus sédentaire et une alimentation carencée en fibres.
Toutefois, elle trouve aussi son origine dans une déficience de la circulation sanguine, assez commune.
Sédorrhoïde crème rectale, médicament commercialisé par le laboratoire Cooper, se targue d’être le traitement incontournable des douleurs anales. Que penser de cette crème ?
Voici un avis Sédorrhoïde, examinant en détails sa composition, son mode d’action et son efficacité.

Sommaire

Qu’est-ce que la crème Sédorrhoïde ?

Contrairement aux différents produits que nous avons analysé jusqu’à présent, et qui étaient soit des compléments alimentaires, soit des dispositifs médicaux ou des cosmétiques, la crème antihémorroïdaire Sédorrhoïde est un médicament. Selon sa classe pharmacothérapeutique, elle est un « topique en proctologie », soit un médicament pour le traitement des hémorroïdes et des fissures anales à usage topique. Elle bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché et est donc commercialisée depuis 2007.

Il s’agit d’une crème rectale anti-inflammatoire et anesthésique locale. Elle est préconisée dans le cadre de certaines pathologies de la sphère anale, typiquement celles s’accompagnant de douleurs et de démangeaisons.

Homme soufrant d'hémorroïdes

Avis Sédorrhoïde – Comment utiliser cette pommade ?

Posologie

Sédorrhoïde est une crème rectale, aussi elle peut s’appliquer sur la marge anale et à l’entrée du canal anal (le tube étant muni d’une canule, à insérer au niveau de l’anus). Le fabricant recommande, sur la notice d’utilisation, une application 2 à 3 fois par jour, suivi d’un massage doux de la zone jusqu’à totale pénétration. La durée habituelle du traitement est de 7 jours. Au-delà, si aucune amélioration de la symptomatologie n’est observée, ou si des signes d’aggravation de la pathologie hémorroïdaire surviennent, il est conseillé de consulter un professionnel de santé. 

Mises en garde spécifiques

Liste de composition de Sedorrhoide

Comme beaucoup d’autres médicaments, Sédorrhoïde ne doit pas être utilisée pendant la grossesse et l’allaitement, les principes actifs passant dans la circulation sanguine et pouvant altérer la santé du fœtus.

En outre, et sans surprise, la crème comporte des effets indésirables. Le fabricant souligne de possibles réactions allergiques à l’un des composants, en particulier des réactions cutanées locales. À cet égard, les composants les plus « problématiques » sont la benzocaïne (l’anesthétique), qui peut provoquer une méthémoglobinémie, et l’alcool cétostéarylique, qui peut causer des réactions dermatologiques comme de l’eczéma.

Dans le cas d’effet indésirable avéré, il est conseillé d’arrêter de traiter ses hémorroïdes avec la crème et de consulter son médecin. Par ailleurs, si l’effet indésirable est différent de ceux décrits ci-dessus, il semble bon de le signaler à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Elle est l’autorité compétente pour traiter la demande et contraindre le fabricant d’ajuster la teneur des mises en garde présentes sur la notice du médicament. 

Avis Sédorrhoïde : que contient exactement ce médicament antihémorroïdaire ?

Et puisque nous venons d’évoquer deux ingrédients de la crème Sédorrhoïde, examinons à présent de plus près sa composition exacte.

Sedorrhoide efficacité des composants

Bromure de dodéclonium  

Le premier composant est le bromure de dodéclonium  (ou didodecyldimethylammonium bromide). Il s’agit ni plus ni moins d’un tensioactif1, qui permet de solubiliser deux phases non miscibles. Pour dire les choses plus simplement : ce composé permet de faire en sorte que les corps gras et les corps aqueux d’une solution se mélangent. Il n’a donc aucun impact thérapeutique sur la maladie hémorroïdaire et n’intervient que pour stabiliser la formule de la crème Sédorrhoïde. En outre, notons que selon le Laboratory Chemical Safety Summary (LCSS) américain, le bromure de dodéclonium est un irritant2.  Pas sûr alors qu’il soit le bienvenu dans la formulation d’une crème à visée calmante.

Esculoside sesquilhydraté

Le second ingrédient est l’esculoside sesquilhydraté, qui est en fait un dérivé de l’esculine, elle-même dérivée de l’escine3. Or, l’escine est la substance active du marron d’Inde, fruit du marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum) et elle est réputée pour ses qualités vasoconstrictrices et anti-inflammatoires. Son effet positif sur la circulation sanguine a été de multiples fois démontré : elle permet de réduire significativement l’insuffisance veineuse en relançant le tonus veineux, en en amoindrissant les symptômes invalidants (pesanteur, douleurs, gonflements) et en réduisant l’inflammation. Elle est en outre dénuée d’effets secondaires, ce qui en fait un traitement naturel efficace de toutes les affections veineuses, y compris les crises hémorroïdaires4. Il est donc heureux que la crème Sédorrhoïde en contienne.

Enoxolone

La pommade antihémorroïdaire Sédorrhoïde contient aussi de l’enoxolone. Il s’agit d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) d’origine naturelle : il est obtenu à partir de l’hydrolyse de l’acide glycyrrhizique, issu de la réglisse (Glycyrrhiza glabra). Son goût légèrement sucré fait qu’ il est souvent utilisé dans les dentifrices ou pour masquer le goût amer de certains médicaments. 

Toutefois, il est également employé dans les soins dermatologiques, qu’ils soient pharmaceutiques ou cosmétiques, principalement pour ses propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes5. Fait appréciable, lorsqu’on sait que :

  • la maladie hémorroïdaire se traduit par une inflammation accrue des veines hémorroïdales ;
  • les antioxydants naturels permettent non seulement d’amoindrir le processus inflammatoire, mais aussi de renforcer la paroi des veines.

Par contre, à son état naturel, la glycyrrhizine de la réglisse n’est que très peu absorbable par voie cutanée, aussi elle ne peut être adjointe telle quelle dans les soins cutanés et nécessite d’être « modifiée » par des process industriels – l’emprisonner dans des liposomes ou la fragmenter en nano-émulsions. L’enoxolone est le résultat d’un de ces process.

Benzocaïne

Passons ensuite à la benzocaïne. À l’instar de la lidocaïne, elle est un anesthésique employé en pharmacie depuis le début du 20e siècle. Elle est surtout adjointe aux applications topiques dans les formules visant à apaiser les démangeaisons. Aussi, on la retrouve naturellement dans les soins apaisants, notamment des crises hémorroïdaires. S’agissant de son efficacité, elle est effective : la benzocaïne a réellement un pouvoir anesthésiant et permet, à court terme, de réduire la douleur6. Par contre, il existe un bémol : ingrédient synthétique, elle est potentiellement anaphylactique – elle peut causer une allergie de contact chez de nombreux sujets7.  

Emulgade F

Autre composant de la crème rectale Sédorrhoïde : le complexe Emulgade F, association d’alcool cétostéarylique, de cétostéarylsulfate de sodium et d’acides gras d’origine naturelle (émulsifiants visant à améliorer la texture du produit).  

S’agissant de l’alcool cétostéarylique, il est un alcool gras d’origine naturelle, utilisé comme émulsifiant pour favoriser le mélange entre corps gras et corps aqueux, ou comme épaississant pour améliorer la texture d’une formule. Il n’a donc aucune portée palliative ou curative. Par ailleurs, cet excipient ne présente pas une innocuité infaillible : il est répertorié comme sensibilisant et peut, s’il est régulièrement appliqué sur la peau, créer un inconfort cutané et une sensibilité dermatologique accrue8.  

S’agissant du cétostéarylsulfate de sodium, il est lui aussi un additif, employé comme tensioactif. Il n’a aucun impact sur l’efficacité de Sédorrhoïde, toutefois il accroit son potentiel irritant. Marqué d’une pénalité faible sur le site d’INCI Beauty (comme beaucoup d’autres sulfates), il est toutefois jugé sûr par la science, à condition que son dosage soit plafonné9

Octyldodécanol

Enfin, dernier ingrédient de la crème anti-hémorroïde Sédorrhoïde : l’octyldodécanol. Là encore, il s’agit d’un simple additif. Alcool gras synthétique ou d’origine végétale (graisses naturelles), il stabilise la formule des lotions et crèmes. Toutefois, il peut être considéré émollient, c’est-à-dire qu’il adoucit et assouplit la peau. Il est sans risque pour la santé, selon son profil sur INCI. 

Avis Sédorrhoïde crème : qu’escompter en termes d’efficacité ?

Effect principal de la crème Sédorrhoïde<br>

Mécanisme d’action

Basé sur ce décryptage de la composition de Sédorrhoïde, il est aisé d’en déduire le mécanisme d’action.  

Ainsi, le principal effet de la crème est d’anesthésier les tissus de la région anale (la benzocaïne étant son ingrédient clé), pour calmer la symptomatologie de la maladie hémorroïdaire – douleurs, brûlures, prurit 

En outre, Sédorrhoïde contient deux substances d’origine naturelle agissant comme des anti-inflammatoires locaux : l’escine et l’acide glycyrrhizique. L’application localisée de la crème peut donc également agir sur l’une des causes de la pathologie hémorroïdaire, en l’occurrence l’inflammation anormale des veines hémorroïdales.

On peut donc escompter, suite à l’application de ce produit, un effet apaisant sur les crises hémorroïdaires. Il sera cependant de court terme.

Limites de la crème Sédorrhoïde

L’examen de la composition de Sédorrhoïde nous apprend autre chose :

  • ce médicament ne convient pas aux personnes en recherche de soins 100% naturels, puisqu’il contient un certain nombre de composants synthétiques ;
  • sur les 7 ingrédients de la crème (en ne comptant pas l’eau purifiée),  4 sont des excipients et n’ont aucun effet palliatif ou curatif sur les hémorroïdes ;
  • 3 des 7 composés sont des irritants notoires, et un est potentiel allergène.

Il est entendu qu’aucun médicament n’est anodin et que la plupart comporte des effets indésirables. Cependant, la présence de nombreux irritants dans un soin censé apaiser les irritations est un non-sens. Un traitement efficace des hémorroïdes ne devrait-il pas amoindrir les symptômes douloureux de la maladie, plutôt que de potentiellement les exacerber ?

"la présence de nombreux irritants dans un soin censé apaiser les irritations est un non-sens"

Enfin, un mot sur le format de Sédorrhoïde. Il s’agit donc d’une crème. Or, l’administration d’un médicament par voie cutanée présente de nombreuses limites :

  • les crèmes et pommades sont en général efficaces sur les affections cutanées – et la maladie hémorroïdaire n’en est pas une, bien qu’elle se traduise par des sensations cutanées désagréables ;
  • la pénétration des principes actifs est limitée ou nulle, car la peau est par définition imperméable ;
  • cette pénétration est seulement effective en cas d’altération cutanée (présence d’une plaie ou d’une ulcération), ce qui est le cas en présence de fissures anales, mais pas d’hémorroïdes ;
  • pour espérer une action notable, il s’agirait d’appliquer Sédorrhoïde sur une grande surface de peau.
"la pénétration des principes actifs est limitée ou nulle"

En un mot : il y a peu de chances que l’utilisation de la crème Sédorrhoïde suffise à régler la souffrance hémorroïdaire. 

Avis Sédorrhoïde : qu’en disent les utilisateurs ?

Sur les premiers 10 sites de pharmacie ou parapharmacie qui apparaissant sur le moteur de recherche Google et vendant Sédorrhoïde, aucun n’affiche d’avis client.

En outre, ni le site du fabricant de la crème antihémorroïdaire (Cooper), ni le site dédié au produit n’affichent de retour utilisateur.

On est donc en droit de se demander ce que pensent réellement les personnes ayant eu recours à ce traitement antihémorroïdaire, et plus encore de questionner une telle opacité. À cet égard, rappelons qu’il est tout à fait autorisé de poster en ligne un avis sur un médicament, à partir du moment où :

  • la législation pharmaceutique est respectée (pas de diffusion de fausses informations ou d’allégations médicales non fondées, pas de promotion de l’automédication) ;
  • il est honnête et véridique ;
  • il n’enfreint pas le respect de la vie privée ;
  • il respecte les règles d’utilisation de la plateforme où il est posté. 

Il est donc compliqué d’étayer cet avis sur Sédorrhoïde par une analyse détaillée des évaluations des utilisateurs.

Avis Sédorrhoïde : zoom sur Cooper, le fabricant

La crème rectale Sédorrhoïde est un médicament produit par le laboratoire pharmaceutique Cooper. Ce dernier, créé en 1907 en Seine et Marne, était à l’origine une coopérative de pharmaciens. Désormais, Cooper est une multinationale toujours basée en France, qui commercialise de multiples gammes de médicaments et produits de santé : dermatologie,  gastroentérologie, hygiène, ORL, antalgiques, répulsifs, probiotiques, bien-être, soins pour bébé, accessoires de santé et dispositifs médicaux, matières premières et santé au naturel (huiles essentielles, huiles végétales naturelles, herboristerie…).

Sous sa gamme gastroentérologie, un éventail de produits est dédié au soin des hémorroïdes : 

  • Calmorrhoïde Lingettes, pour l’hygiène de la région anale ;
  • Calmorrhoïde Monodoses, doses individuelles de gel rectal ;
  • Sédorrhoïde Crise Hémorroïdaire 30g crème rectale (le produit que nous évaluons) ;
  • Sédorrhoïde Crise Hémorroïdaire 8 suppositoires, traitement d’appoint de la maladie hémorroïdaire par voie anale.

La sous-gamme Sédorrhoïde a donné lieu par Cooper à la création d’un site dédié, qui explique ce qu’est la maladie hémorroïdaire, quels en sont les traitements et quelles astuces mettre en place pour éviter d’en souffrir. 

Les informations qui y sont dispensées restent très spartiates (vulgarisation poussée à l’extrême), voire orientées – par exemple, la section traitement ne mentionne que les alternatives commercialisées par Cooper, en l’occurrence les crèmes et les suppositoires, alors que ces voies d’administration sont en général peu efficientes et offrent un soulagement de courte durée, sans traiter la pathologie hémorroïdaire à son origine. 

Ce procédé n’a, en soi, rien d’étonnant : Cooper utilise un site en apparence neutre pour promouvoir ses produits comme le traitement ultime des hémorroïdes, sans évoquer d’autres alternatives. On ne peut leur en tenir rigueur. Toutefois, cette stratégie participe à la désinformation du public : des personnes peu averties peuvent, au regard du message délivré, croire que Sédorrhoïde est la seule (et meilleure) alternative dont ils jouissent pour soigner leurs hémorroïdes douloureuses. Il n’en est rien. 

Mode d'action de la crème Sédorrhoïde

La crème rectale Sédorrhoïde offre sans nul doute un soulagement temporaire de certains des symptômes de la maladie hémorroïdaire, notamment les douleurs, brûlures, démangeaisons et irritations.
En effet, il s’agit d’un soin topique d’application locale, élaboré à partir d’un anesthésiant (la benzocaïne) et de deux anti-inflammatoires d’origine naturelle (dérivé du marron d’Inde et de la réglisse). 

Cependant, ce médicament présente trois principales limites : 

  • son format et son mode d’administration (voie cutanée), qui n’offrent qu’une efficacité restreinte ;
  • sa teneur en substances potentiellement allergisantes et irritantes, qui risquent d’accroître la symptomatologie douloureuse plutôt que de la calmer ;
  • son mode d’action, qui ne vise pas à guérir la souffrance hémorroïdaire mais seulement à l’apaiser momentanément. 

Nos conseils pour un traitement efficace des hémorroïdes

La pathologie hémorroïdaire, pour être réellement soignée, doit être traitée à son origine. La guérison présuppose tout d’abord l’adoption de mesures hygiéno-diététiques strictes :

  • une alimentation riche en fibres;
  • l’abandon de la sédentarité au profit de l’activité physique quotidienne;
  • l’évitement des facteurs favorisants (port de charges lourdes, activités exerçant une pression sur les veines hémorroïdales, poussée lors de la défécation).

En outre, la prise par voie orale de plantes veinotoniques (relance de la microcirculation), hémostatiques (soin des vaisseaux) et laxatives douces (laxatif de lest comme le psyllium ou la mauve) peut être bénéfique. Des cures ponctuelles de compléments alimentaires de phytothérapie sont un coup de pouce indéniable. 


Sources

  1. 2014, Sonia, Sharma, Didodecyldimethylammonium Bromide – an overview ↩︎
  2. Didodecyldimethylammonium bromide ↩︎
  3. Catalogue et Index des Sites Médicaux de langue française, esculoside ↩︎
  4. 2015, Dudek-Makuch, Studzinska-Sroka, Horse chestnut – efficacy and safety in chronic venous insufficiency: an overview ↩︎
  5. 2019, Kowalska, Kalinowska-Lis, 18β‐Glycyrrhetinic acid: its core biological properties and dermatological applications ↩︎
  6. 2003, Nusstein, Beck, Effectiveness of 20% benzocaine as a topical anesthetic for intraoral injections ↩︎
  7. 2006, Trien Vu, Funk Lockey, Benzocaine anaphylaxis ↩︎
  8. 2016, Durand-Moreu et al. , Évaluation du risque professionnel chez les soignants appliquant des dermocorticoïdes : résultats d’une enquête exploratoire ↩︎
  9. 2010, Fiume et al., Final Report on the Safety Assessment of Sodium Cetearyl Sulfate and Related Alkyl Sulfates as Used in Cosmetics
    ↩︎

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